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ses Amours de Psyché, met sur les lèvres de Racine : « Eh bien ! nous pleurerons… Les héros de l’antiquité pleuraient bien*. j>

L’Alexandre avait fait de Racine un poète connu de la cour et de la ville. Une meute d’ennemis, grossie des ennemis de Boileau et des amis de Corneille, commença d’aboyer : ils devaient le harceler jusqu’à la mort. Le poète était de ceux qu’on blesse aisément, mais il leur répondit en toute occasion avec ces façons souveraines d’un homme qui sait tout dire. 11 connut trop bien l’art dangereux de les irriter. 11 raillait avec finesse et piquait adroitement. Les hommes les plus tendres ne sont pas les moins moqueurs : la même sensibilité nerveuse qui excite à pleurer de beaucoup de choses provoque à rire de beaucoup d’autres. Il fallut que l’auteur d’Alexandre s’engageât dans une querelle qui devait être suivie d’un fervent repentir et de larmes pénitentes. Nicole, en 1666, dans les Visionnaires, avait traité les poètes de théâtre d’empoisonneurs publics. Ils ne furent guère plus ménagés à quelques années de là par Bossuet, qui n’était pas janséniste. On ne va pas à la comédie pour faire son salut, et ce que disait Nicole était d’un docteur. Racine, qui était poète et chrétien, avait grand intérêt à ce que Port-Royal n’eût pas dit vrai. 11 oublia que Nicole avait été son ancien maître, il oublia le saint Désert. 11 prit la défense du théâtre en deux petites lettres qui sont les Provinciales de la poétique. Racine dispute et raille avec autant de force et de

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