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l’artillerie par suggestion diabolique[1]. » Les trésors de science et de poésie, venus de cette éclatante Italie, furent répandus en France par les Estienne et les Vascosan.

Elle avait dix-sept ans, et son jeune frère François était fiancé depuis trois ans avec Claude de France, quand elle épousa, pour des raisons d’État, le duc d’Alençon, bon homme de guerre, cavalier déjà mûr et qui prenait sa part des inventions du siècle plutôt dans la poudre à canon que dans l’imprimerie, nullement l’homme qu’il lui fallait.

Naturellement affectueuse, elle avait la plus vive amitié pour son frère, devenu roi en 1515 sous le nom de François Ier. Ce roi chevalier, de sang chaud et de mince cervelle, bon compagnon, facile avec les siens, magnifique en public, étourdi, égoïste, au demeurant le meilleur fils du monde, avait en retour pour sa sœur autant d’affection qu’en pouvait contenir son âme légère et sensuelle. Elle était sa « mignonne » ; il la tenait en haute estime, et jamais estime ne fut mieux placée. Marguerite, dont la grande bouche souriait si finement, la sage et docte Marguerite, était de bon conseil ; elle était capable de mènera bien les plus difficiles entreprises. Son invincible douceur, sa bienveillance avisée faisaient merveille dans les affaires.

« Son discours étoit tel que les ambassadeurs qui

  1. Rabelais, loc. cit.