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et machines[1] ». Les Fâcheux furent donnés à la ville le 4 novembre et firent pendant trois mois de très grosses recettes.

Le Registre de La Grange nous apprend, par une petite note, que « M. de Molière épousa Armande-Claire-Elisabeth-Gresinde Béjart, le mardi gras de 1662[2] ».

Le père de Molière signa au contrat.

Quelques-uns ont pris plaisir à remarquer que, pendant les fiançailles, Molière se faisait applaudir dans l’École des Maris. L’accordée avait environ vingt ans, et le mari un peu plus de quarante.

Sur cette Armande Béjart on ne sait rien de certain, et les actes publics qui se rapportent à elle, contrat de mariage, acte de décès, loin de nous instruire, nous remplissent d’incertitude.

Les ennemis de Molière ont, dans cette obscurité, conçu de noirs soupçons. La vérité est comique et dans le goût de ces imbroglios italiens : enfants supposés, enlèvements, reconnaissances tardives, tuteurs, amoureux, pupilles effrontées, toutes les folles intrigues du répertoire italien et espagnol que Molière fit passer dans ses premières pièces. Armande Béjart est probablement cette « petite non baptisée » comptée, dans un acte, au nombre des enfants mineurs de Joseph Béjart, mais en réalité fille de Madeleine Béjart. Pourquoi Madeleine attribua-t-elle ce fruit de sa



  1. La Muse historique, 19 novembre 1661.
  2. Le Registre de La Grange retarde d’un jour le mariage, qui fut célébré le lundi 20 février à Saint-Germain-l’Auxerrois.