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avoient acquis quelque réputation et dont il régaloit les provinces. » (p. xiv.)

Ce compliment fut si agréablement tourné et si favorablement reçu que toute la cour y applaudit, et encore plus à la petite comédie, qui fut celle du Docteur amoureux… Elle divertit autant qu’elle surprit tout le monde. M. de Molière faisait le Docteur.

Ce Docteur amoureux, que l’auteur laissa perdre, était une de ces farces composées pendant le séjour en Languedoc. Ce ne devait être une farce médiocre, puisqu’elle était de Molière et que Boileau en regretta la perte.

Le roi fut content de la troupe de Monsieur et, pour la récompenser, lui fit donner la salle du Petit-Bourbon, où elle devait jouer alternativement avec les comédiens italiens. Cette salle, très vaste, communiquait avec le Louvre ; on y était presque chez le roi.

Les représentations données par la nouvelle troupe aux spectateurs de la ville commencèrent, le a novembre, par une tragédie de Corneille, et ce n’est pas là le seul exemple que nous ayons du goût de Molière à chausser le cothurne. Mais un hoquet dont il était affligé le rendait mal propre à exprimer les héros, et le succès de sa troupe ne fut pas très bon jusqu’au jour où il eut donné son Étourdi et le Dépit amoureux, encore inconnu à Paris. C’est du moins ce que Chalussay se donne le plaisir de nous apprendre quand il fait dire à Elomire :



… Tel étoit déjà le bruit de mon renom,
Qu’on nous donne d’abord la salle de Bourbon.