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admirer tout son saoul Gros Guillaume, Gaultier Garguille et Turlupin.

Rappelons encore que le père de Jean Poquelin possédait deux loges dans l’enclos de la foire Saint-Germain et que le petit-fils a bien pu y aller voir les bouffons.

L’héritier des Poquelin ne fit pas voir sans doute de suffisantes aptitudes à l’état de tapissier, puisque son père se décida à lui faire donner cette éducation coûteuse qui ouvrait aux jeunes bourgeois l’accès aux charges de robe et aux bénéfices. On dit que ce fut le grand-père, Louis de Cressé, qui intervint en cela[1].

À quinze ans, le jeune Poquelin suivit comme externe le cours du collège de Clermont, où les Jésuites instruisaient les enfants des plus nobles familles du royaume. On sait que les pères faisaient jouer des pièces latines par leurs écoliers. Mais c’est se hasarder beaucoup que de prétendre, comme on l’a fait, que Poquelin prit dans ces exercices le goût et la connaissance de la scène. L’auteur ingénu de la préface de 1682 nous fait paraître l’excellence de Molière dès les bancs du collège. « Le succès de ses études, dit-il, fut tel qu’on pouvoit l’attendre d’un génie aussi heureux que le sien. S’il fut fort bon humaniste, il devint encore plus grand philosophe. L’inclination qu’il avoit pour la poésie le fit s’appliquer à lire les poètes avec un soin tout particulier : il les possédoit parfaitement, et surtout Térence[2]. »

  1. Grimarest, la Vie de M. de Molière, pp. 6-9.
  2. À la p. xiii.