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contemple cette relique parfumée de violettes. Je tourne les feuillets entre lesquels des petites fleurs sombres se sont glissées, et je trouve, contre la légende de sainte Cécile, une carte portant ce nom : princesse trépof.

Princesse Trépof ! vous qui riiez et pleuriez tour à tour si joliment sous le beau ciel d’Agrigente, vous qu’un vieillard morose croyait être une petite folle, je suis certain aujourd’hui de votre belle et rare folie, et le bonhomme que vous comblez de joie ira vous baiser les mains en vous rendant ce précieux manuscrit dont la science et lui vous devront une exacte et somptueuse publication.

Thérèse entra en ce moment dans mon cabinet : elle était très agitée.

— Monsieur, me cria-t-elle, devinez qui je viens de voir à l’instant dans une voiture armoriée qui stationnait devant la porte de la maison.

— Madame Trépof, parbleu ! m’écriai-je.

— Je ne connais pas cette madame Trépof, me répondit ma gouvernante. La femme que je viens de voir est mise comme une duchesse avec un petit garçon qui a des dentelles sur toutes les coutures. Et c’est cette petite madame Coccoz à qui