Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/284

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion civique. C’est bien clair, n’est-ce pas, monsieur Bonnard ?

— Parfaitement clair.

Continuons : Article 356. Si le ravisseur n’avait pas encore vingt et un ans, il ne sera puni que d’un… Nous ne pouvons certainement pas invoquer cet article. Article 357. Dans le cas où le ravisseur aurait épousé la fille qu’il a enlevée, il ne pourra être poursuivi que sur la plainte des personnes qui, d’après le code civil, ont le droit de demander la nullité du mariage, ni condamné qu’après que la nullité du mariage aura été prononcée. Je ne sais pas s’il est dans vos projets d’épouser mademoiselle Alexandre. Vous voyez que le code est bon enfant et qu’il vous ouvre une porte de ce côté-là. Mais j’ai tort de plaisanter, car votre situation est mauvaise. Comment un homme comme vous a-t-il pu s’imaginer qu’on pouvait à Paris, au xixe siècle, enlever impunément une jeune fille ? Nous ne sommes plus au moyen âge, et le rapt n’est plus permis.

— Ne croyez pas, répondis-je, que le rapt fut permis dans l’ancien droit. Vous trouverez dans Baluze un décret rendu par le roi Childebert à Cologne, en 593 ou 94, sur cette matière. Qui ne