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Gaule chrétienne et spécialement cette glorieuse abbaye de Saint-Germain-des-Prés d’où sortirent ces rois-moines qui fondèrent notre dynastie nationale. Or, malgré la coupable insuffisance de la description, il était évident pour moi que le manuscrit du clerc Alexandre provenait de la grande abbaye. Tout me le prouvait : Les légendes ajoutées par le traducteur se rapportaient toutes à la pieuse fondation du roi Childebert. La légende de saint Droctovée était particulièrement significative, car c’est celle du premier abbé de ma chère abbaye. Le poème en vers français, relatif à la sépulture de saint Germain, me conduisait dans la nef même de la vénérable basilique, qui fut le nombril de la Gaule chrétienne.

La Légende dorée est par elle-même un vaste et gracieux ouvrage. Jacques de Voragine, définiteur de l’ordre de Saint-Dominique et archevêque de Gênes, assembla, au treizième siècle, les traditions relatives aux saints de la catholicité, et il en forma un recueil d’une telle richesse, qu’on s’écria dans les monastères et dans les châteaux : « C’est la légende dorée ! » La Légende dorée était surtout opulente en hagiographie romaine. Rédigée par un moine italien, elle se complaît dans le