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MAURICE BARRÈS

de cet adoucissement. Mais ne se ressentent-elles pas, par endroits, d’un esprit encore impitoyable et dur ? Je le crois avec André Maltère à qui je pardonne de bon cœur son ironie en faveur de sa pitié.

Et puis il est individualiste excessivement, et très jaloux des droits de la personne. C’est aux socialistes d’État à l’en blâmer. Rêve pour rêve, j’aime mieux celui d’un monde où nous serons très libres que celui d’un État-magasin auquel nous serons tous asservis. Il faut rendre cette justice à André Maltère qu’il n’est pas du tout socialiste autoritaire. Enfin, ce livre de M. Maurice Barrès est écrit avec une grâce fantasque, une vivacité, une élégance capricieuse et hautaine, une clarté brusque, un bonheur constant. Ce sont là des charmes auxquels on se résiste pas.

22 janvier 1893.