Poète ou prosateur, et toujours poète, M. Stéphane Mallarmé peut, vous en avez maintenant le sentiment, se faire entendre hors du cénacle où il est tenu pour inspiré et écouté comme un docteur. Il exerça une action puissante sur la jeune génération de poètes, MM. Viélé-Griffin, Charles Morice, Dujardin, Mockel, Retté le tiennent pour un maître et l’un d’eux a dit de lui : « Il est, dans l’art, notre conscience vivante. »
Pour nous, qui ne sommes pas des dévots et qui ne vivons pas dans le sanctuaire, nous voudrions que l’œuvre et l’enseignement du maître fussent moins ésotériques et secrets. Mais comment ne pas estimer cette âme fière et douce, inflexible et courtoise ? Comment ne pas subir le charme d’un talent qui, dans l’intervalle des ombres, jette de ces lueurs qui font le prix des diamants et des pierres fines, et lancent de ces rayons qui transpercent le cœur ?