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CATHERINE THÉOT[1]

« Les doctes connoissent l’histoire de Psaphon, Libyen. Voulant passer pour dieu, il apprit à un essaim d’oiseaux à répéter ces paroles : Psaphon est un grand dieu. Une fois instruits, il les lâcha dans le pays où ils firent retentir leur leçon. Les habitants de Libye, frappés de surprise, décernèrent à Psaphon les honneurs divins.

« Robespierre, au lieu d’oiseaux, avoit une nuée de femmes ; une vieille baronne, espèce de coriphée, continuellement chez lui, donnoit le ton aux adorations ; sans cesse elles avoient à la bouche : « Ce Robespierre, c’est un dieu, il est sans pareil, c’est l’homme divin, c’est le fils de l’Être suprême. »

Ces lignes furent écrites après le 9 thermidor, par Vilate, prêtre défroqué, puis juré au tribunal révolutionnaire, qui, emprisonné comme terroriste,

  1. À propos d’un livre de F.-A. Aulard : Le Culte de la Raison et le Culte de l’Être suprême, 1892.