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MYSTICISME ET SCIENCE.

toutes blanches ; bientôt, dans quelques millions de siècles seulement, il ne montrera plus qu’un disque fuligineux, taché de larges scories noires ; et ce sera la fin, et le grain de poussière, qui se nomme la Terre et qui n’aura plus de nom alors, roulera avec lui dans la nuit éternelle.

L’humanité aura péri, sans doute, bien avant cette époque. En attendant, on nous enseigne que nous nous acheminons vers la constellation d’Hercule ; notre poussière y parviendra un jour dans l’ombre et le silence : c’est là tout ce que la science peut nous révéler des destinées de l’humanité.

Nous faisons le voyage en compagnie de quelques planètes dont les unes se perdent pour nous dans la lumière du soleil, comme Vénus et Mercure et les autres dans la nuit de l’espace, comme Uranus et Neptune. On croit avoir remarqué que Vénus ne présente jamais qu’une face au soleil. Mais on n’en est pas encore bien sûr. La seule planète dont nous ayons pu observer la surface est Mars, notre voisin ; on y a distingué des terres, des mers, des nuages, de la neige au pôle, et M. Flammarion en a dessiné la carte. M. Schiaparelli y a vu des canaux, l’an passé. Ces canaux se creusent comme par enchantement et, si ce sont là des ouvrages de l’industrie martienne, il faut reconnaître que les ingénieurs de cette planète sont infiniment supérieurs aux nôtres. Mais on ne sait pas si ce sont des canaux et il semble bien que ce monde soit mouvant et plus agité que la face de la terre. Sa figure change à toute heure. Il