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LA VIE LITTÉRAIRE.

On pensait en le voyant au vers du poète :

Rien ne trouble sa fin, c’est le soir d’un beau jour.

Je n’ai jamais rencontré plus agréable vieillard. Et je revois encore avec plaisir, parmi mes plus anciens souvenirs, son gracieux visage travaillé par les ans comme un vieil ivoire d’une finesse exquise.

Quant à l’Histoire des ducs de Bourgogne, je ne l’ai pas relue. Mais j’ai lu Froissart. M. de Barante a beaucoup écrit, et même fort bien, sans que ses œuvres historiques et littéraires soient beaucoup autre chose que les distractions d’un homme d’État et les plaisirs d’un sage. Personne ne lit plus aujourd’hui ces pages des Ducs de Bourgogne, pourtant si faciles à lire et calquées sur les chroniques avec une grâce un peu molle. On n’a jamais beaucoup feuilleté ses histoires de la Convention et du Directoire. M. de Barante est plus intéressant que ses écrits, et le meilleur de ses ouvrages pourrait bien être celui où il se peint lui-même, ce recueil de Souvenirs, dont M. Claude de Barante, son petit-fils, vient de publier le premier volume.

Comme le feu duc de Broglie, M. de Barante touchait au terme de sa vie quand il entreprit d’écrire ses mémoires, et la mort a interrompu ce dernier travail. Pour l’accomplir, M. de Barante n’avait guère qu’à mettre en ordre les notes abondantes déjà consignées par lui dans des exemplaires interfoliés de la biographie Michaud et de l’Europe sous le Consulat, l’Empire et