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Le second point auquel il s’attache est qu’il y a des degrés, qui sont proprement les grades conférés au génie dans les facultés de grammairiens et dans les universités de rhéteurs. On conçoit que de tels diplômes seraient avantageux pour le bon ordre et la régularité de la gloire. Malheureusement ils perdent beaucoup de leur valeur par l’effet des contradictions humaines ; et ces doctorats, ces licences, que M. Brunetière croit universellement reconnus ne font guère autorité que pour ceux qui les confèrent.

En théorie pure, on peut concevoir une critique qui, procédant de la science, participe de sa certitude. De l’idée que nous nous faisons des forces cosmiques et de la mécanique céleste dépend peut-être notre sentiment sur l’éthique de M. Maurice Barrès et sur la prosodie de M. Jean Moréas. Tout s’enchaîne dans l’univers. Mais en réalité, les anneaux sont, par endroits, si brouillés que le diable lui-même ne les démêlerait pas, bien qu’il soit logicien. Et puis, il faut en convenir de bonne grâce : ce que l’humanité sait le moins bien, au rebours de Petit Jean, c’est son commen-