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rude assaillant. Il y va de l’ongle et des dents, sans compter les feintes et les ruses. J’entends par là qu’en polémique il a diverses méthodes et qu’il ne dédaigne point l’intuitive, quand la déductive ne suffit pas. Je ne troublais point son eau. Mais il est contrariant et même un peu querelleur. C’est le défaut des braves. Je l’aime beaucoup ainsi. N’est-ce point Nicolas, son maître et le mien, qui a dit :

Achille déplairait moins bouillant et moins prompt.

J’ai beaucoup de désavantages s’il me faut absolument combattre M. Brunetière. Je ne signalerai pas les inégalités trop certaines et qui sautent aux yeux. J’en indiquerai seulement une qui est d’une nature toute particulière ; c’est que, tandis qu’il trouve ma critique fâcheuse, je trouve la sienne excellente. Je suis par cela même réduit à cet état de défensive qui, comme nous le disions tout à l’heure, est jugé mauvais par tous les tacticiens. Je tiens en très haute estime les fortes constructions critiques de M. Brunetière. J’admire la solidité des matériaux et la grandeur du plan.