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PRÉFACE


M. Ferdinand Brunetière, que j’aime beaucoup, me fait une grande querelle[1]. Il me reproche de méconnaître les lois mêmes de la critique, de n’avoir pas de critérium pour juger les choses de l’esprit, de flotter, au gré de mes instincts, parmi les contradictions, de ne pas sortir de moi-même, d’être enfermé dans ma subjectivité comme dans une prison obscure. Loin de me plaindre d’être ainsi attaqué, je me réjouis de cette dispute honorable où tout me flatte : le mérite de mon adversaire, la sévérité d’une censure qui cache beaucoup d’indulgence, la grandeur des intérêts qui sont mis en cause, car il n’y

  1. Voir, dans la Revue des Deux Mondes du 1er janvier 1891, la critique impersonnelle par M. Ferdinand Brunetière, pp. 210 à 224.