teaux, achevait de manger une tarte aux prunes qu’il venait d’acheter chez le pâtissier du coin. Il écouta à peine le récit que je lui fis de mon entretien avec la veuve Bargouiller et me déclara qu’il désapprouvait ma conduite et se refusait à rien savoir de cette sotte histoire. Nous allâmes tirer au pistolet. Il me persuada qu’il tirait bien. Mais il n’y parvint que par la force de la parole et contrairement au témoignage de mes sens.
J’étais soucieux ; en montant l’escalier domestique, mon inquiétude croissait à chaque degré. Je me jugeais sévèrement et m’attendais, non sans raison, à ce que mes fautes fussent découvertes. Justine m’ouvrit la porte. Ses yeux bleus avaient cuit dans les larmes ; ses joues écarlates étaient près d’éclater. Elle me regarda, en silence, avec terreur.
Je trouvai ma mère très calme :
— Tu sens l’eau-de-vie, me dit-elle. D’où viens-tu ? À qui as-tu donné le linge que tu as emporté ?
— À une pauvre veuve, qui habite la cour du Dragon, madame Bargouiller.
— Je la connais, fit ma mère.
Et se tournant vers mon père :