lui en ont montré que le fantôme, parce qu’il avait manqué de courage, comme un musicien qu’il était. Plutôt que d’imiter Alceste, et de mourir pour ce qu’il aimait, il s’était ingénié à descendre vivant aux enfers. Ainsi les dieux indignés l’ont puni de sa lâcheté en le faisant périr par la main des femmes. »
Elle avait entendu ma lecture avec cette impassibilité qu’elle portait en toutes choses. Mais, à la dernière phrase, elle m’interrompit et fit cette réflexion :
— Platon savait donc que les femmes sont plus courageuses que les hommes. Alors, pourquoi, dans le Banquet, appuie-t-il sa théorie de l’amour sur l’idée contraire ?
Elle me fit continuer la lecture. Au bout d’un quart d’heure, vint une dame russe qui s’appelait, comme je le sus bientôt, Nathalie Schérer. Elles s’embrassèrent et se traitèrent avec familiarité. Nathalie pouvait avoir trente-cinq ans ; elle était taillée en force, superbe de corps ; sa face camuse, ses pommettes saillantes lui donnaient quelque chose de la beauté hardie des faunes.
Six mois je fréquentai la maison de Marie Bagration sans faire le moindre progrès dans