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ma modestie. Elle l’appela Monsieur le Vicomte, et le remercia avec des larmes en louant le bon Dieu qui lui avait envoyé un ange pour la secourir.

Elle nous demanda si par hasard nous n’aurions pas du vieux linge et de vieux souliers, car elle en manquait. Elle nous demanda de lui donner tout ce qui était hors d’usage : elle tirerait parti de tout.

Elle s’enquit de la personne qui nous avait envoyés, et, quand elle sut que nous avions son adresse par le fils de madame de La Chesnais, elle garda le silence, ce qui me donna l’impression qu’elle n’était pas restée en très bons termes avec cette bienfaitrice.

Elle s’informa soigneusement de nos noms et de la condition de nos parents et nous fit répéter plusieurs fois l’indication de nos domiciles, comme pour l’apprendre par cœur. Nous nous levâmes et prîmes congé.

Elle nous rappela sur le pas de la porte le besoin où elle était d’habits et de linge, tant pour elle que pour Alice et Firmin, nous invita de la façon la plus pressante à revenir la voir, nous promit de nous recommander au bon Dieu, dans ses prières, et nous avertit de ne