caractère de Marguerite d’Écosse, tel que le dramaturge l’avait exprimé, le goût des lettres, une âme généreuse et pure, un cœur noble, une mélancolie romantique.
Pendant le dernier entr’acte, l’auteur, grand homme grisonnant, bourgeonné, vint dans notre loge et je le vis qui saluait courtoisement ma mère. En vain il me posa la main sur la tête comme autrefois avait fait Rachel, en vain il me parla obligeamment de mes études, me félicitant de mon goût précoce pour les lettres, et m’exhortant à apprendre à fond le latin, connaissance qu’il possédait lui-même et à laquelle il attribuait la force de son style, bien différent de celui de ses confrères dramatiques qui écrivaient comme des fiacres. Je lui répondis à peine et sans le regarder. S’il avait su la cause de mon indifférence, il en aurait été flatté, mais probablement il me trouva stupide, sans attribuer ma stupidité à l’impression prodigieuse que son œuvre produisait sur mon esprit. La toile se releva. Je recommençai à vivre. Marguerite d’Écosse me fut rendue. Hélas ! Je ne la retrouvai que pour la perdre aussitôt. Elle périt de la main du dauphin Louis au moment où l’archer Raoul se jetait à ses