Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cœur vos offres généreuses. Vous êtes un mortel magnifique ; je m’honore, monsieur, d’être à vous. Il y a deux meubles que je tiens en haute estime, c’est le lit et la table. La table qui, tour à tour chargée de doctes livres et de mets succulents, sert de support à la nourriture du corps et à celle de l’esprit ; le lit, propice au doux repos comme au cruel amour. C’est assurément un homme divin qui donna aux fils de Deucalion le lit et la table. Si je trouve chez vous, monsieur, ces deux meubles précieux, je poursuivrai votre nom, comme celui de mon bienfaiteur, d’une louange immortelle et je vous célébrerai dans des vers grecs et latins de mètres divers.

Il dit, et but un grand coup de vin.

— Voilà donc qui est bien, reprit le philosophe. Je vous attends tous deux demain matin chez moi. Vous suivrez la route de Saint-Germain jusqu’à la croix des Sablons. Du pied de cette croix vous compterez cent pas en allant vers l’Occident et vous trouverez une petite porte verte dans un mur de jardin. Vous soulèverez le marteau qui est formé d’une figure voilée tenant un doigt sur la bouche. Au vieillard qui vous ouvrira cette porte vous demanderez M. d’Astarac.