Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/373

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’en fixer le souvenir sur sa tombe en une belle inscription. Vous êtes tous deux, messieurs, assez instruits pour y réussir, et je m’engage à faire graver sur une grande pierre blanche l’épitaphe de ce défunt, dans la manière et dans l’ordre que vous l’aurez composée. Mais souvenez-vous, en faisant parler la pierre, de ne lui faire proclamer que les louanges de Dieu.

Je le priai de croire que j’y mettrais tout mon zèle, et M. d’Anquetil promit, pour sa part, de donner à la chose un tour galant et gracieux.

— J’y veux, dit-il, m’essayer au vers français, en me guidant sur ceux de M. Chapelle.

— À la bonne heure ! dit M. le curé. Mais n’êtes-vous pas curieux de voir mon pressoir ? Le vin sera bon cette année, et j’en ai récolté en suffisante quantité pour mon usage et pour celui de ma servante. Hélas ! sans les fleurebers, nous en aurions bien davantage.

Après souper, M. d’Anquetil demanda l’écritoire et commença de composer des vers français. Puis, impatienté, il jeta en l’air la plume, l’encre et le papier.

— Tournebroche, me dit-il, je n’ai fait que deux vers, et encore ne suis-je pas assuré