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ne réchappe pas d’une pleurésie assez forte, causée par sa blessure. Il est présentement travaillé d’une grosse fièvre. Mais voici venir M. le curé.

Mon bon maître le reconnut fort bien, et lui demanda poliment comment il se portait.

— Mieux que la vigne, répondit le curé. Car elle est toute gâtée de fleurebers et de vermines contre lesquels le clergé de Dijon fit pourtant, cette année, une belle procession avec croix et bannières. Mais il en faudra faire une plus belle, l’année qui vient, et brûler plus de cire. Il sera nécessaire aussi que l’official excommunie à nouveau les mouches qui détruisent les raisins.

— Monsieur le curé, dit mon bon maître, on dit que vous lutinez les filles dans vos vignes. Fi ! ce n’est plus de votre âge. En ma jeunesse, j’étais, comme vous, porté sur la créature. Mais le temps m’a beaucoup amendé, et j’ai tantôt laissé passer une nonnain sans lui rien dire. Vous en usez autrement avec les donzelles et les bouteilles, monsieur le curé. Mais vous faites plus mal encore de ne point dire les messes qu’on vous a payées et de trafiquer des biens de l’Église. Vous êtes bigame et simoniaque.

En entendant ces propos, M. le curé ressen-