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— Vous vous moquez, me dit-elle, et vous doutez parce que vous n’avez jamais vu une prophétesse de si près. Comment vouliez-vous qu’elles fussent faites ?

— Je croyais qu’il fallait qu’elles fussent vierges.

— Ce n’est pas nécessaire, répondit-elle avec assurance.

La calèche ennemie avait disparu au tournant de la route. Mais l’inquiétude de Jahel avait, sans qu’il l’avouât, gagné M. d’Anquetil qui donna l’ordre aux postillons d’allonger le galop, promettant de leur payer de bonnes guides.

Par un excès de soin, il fit passer à chacun d’eux une des bouteilles que l’abbé avait mises en réserve au fond de la voiture.

Les postillons communiquèrent aux chevaux l’ardeur que ce vin leur donnait.

— Vous pouvez vous rassurer, Jahel, dit-il ; du train dont nous allons, cette antique calèche, traînée par les chevaux de l’Apocalypse, ne nous rattrapera pas.

— Nous allons comme chats sur braise, dit l’abbé.

— Pourvu que cela dure ! dit Jahel.

Nous voyions à notre droite fuir les vignes