qui porte sa vertu sur son visage, bien différente en cela de cette autre rôtisseuse, madame Quonian, dont on fit grand bruit à Paris et dans les provinces au temps de ma jeunesse. N’ouïtes-vous pas parler d’elle, monsieur ? Elle avait pour galant le sieur Mariette, qui devint plus tard secrétaire de M. d’Angervilliers. C’était un gros monsieur qui, chaque fois qu’il voyait sa belle, lui laissait en souvenir quelque joyau, un jour une croix de Lorraine ou un saint-esprit, un autre jour une montre ou une châtelaine. Ou bien encore un mouchoir, un éventail, une boîte ; il dévalisait pour elle les bijoutiers et les lingères de la foire Saint-Germain ; tant qu’enfin, voyant sa rôtissière parée comme une châsse, le rôtisseur eut soupçon que ce n’était pas là un bien acquis honnêtement. Il l’épia et ne tarda pas à la surprendre avec son galant. Il faut vous dire que ce mari n’était qu’un vilain jaloux. Il se fâcha et n’y gagna rien, bien au contraire. Car le couple amoureux, qu’importunait la criaillerie, jura de se défaire de lui. Le sieur Mariette avait le bras long. Il obtint une lettre de cachet au nom du malheureux Quonian. Cependant, la perfide rôtisseuse dit à son mari :
» — Menez-moi dîner, je vous prie, ce pro-