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ment à voler des poules et des cochons aux vilains. Les soldats en campagne ne sont occupés que de ce soin.

— Vous avez bien raison, dit mon bon maître, et l’on disait jadis en Gaule que la bonne amie du soldat était madame la Picorée. Mais je vous prie de ne pas tuer Jacques Tournebroche, mon élève.

— L’abbé, répondit M. d’Anquetil, l’honneur m’y oblige.

— Ouf ! dit Catherine, en arrangeant sur sa gorge la dentelle de sa chemise, je suis mieux comme cela.

— Monsieur, poursuivit mon bon maître, Jacques Tournebroche m’est fort utile pour une traduction de Zozime le Panopolitain que j’ai entreprise. Je vous serai infiniment obligé de ne vous battre avec lui qu’après que ce grand ouvrage sera parachevé.

— Je me fiche de votre Zozime, répondit M. d’Anquetil. Je m’en fiche, vous m’entendez, l’abbé. Je m’en fiche comme le Roi de sa première maîtresse.

Et il chanta :

Pour dresser un jeune courrier
Et l’affermir sur l’étrier
Il lui fallait une routière
Laire lan laire.