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à manger, avec un air de victime heureuse.

Elle s’assit entre M. d’Anquetil et moi, la tête renversée sur l’épaule de son amant et cherchant du pied mon pied sous la table.

— Messieurs, dit notre hôte, pardonnez à ma vivacité un mouvement que je ne saurais regretter, puisqu’il me donne l’honneur de vous traiter ici. Je ne puis en vérité souffrir tous les caprices de cette jolie fille, et je suis devenu très ombrageux depuis que je l’ai surprise avec son capucin.

— Mon ami, lui dit Catherine en pressant mon pied sous le sien, votre jalousie s’égare. Sachez que je n’ai de goût que pour M. Jacques.

— Elle raille, dit M. d’Anquetil.

— N’en doutez point, répondis-je. On voit qu’elle n’aime que vous.

— Sans me flatter, répliqua-t-il, je lui ai inspiré quelque attachement. Mais elle est coquette.

— À boire ! dit M. l’abbé Coignard.

M. d’Anquetil passa la dame-jeanne à mon bon maître et s’écria :

— Pardi, l’abbé, vous qui êtes d’église, vous nous direz pourquoi les femmes aiment les capucins.

M. Coignard s’essuya les lèvres et dit :