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baiser. Sa robe courte laissait voir des pieds petits, hardis, gais et spirituels. Elle se tenait droite, ronde, un peu ramassée dans sa perfection voluptueuse. On voyait, sous le ruban de velours passé à son cou, un carré de gorge brune et pourtant éclatante. Elle me regardait avec un air de curiosité.

J’ai dit que mon sommeil m’avait excité à l’amour. Je me levai, je m’élançai.

— Excusez-moi, me dit-elle, je cherchais M. d’Astarac.

Je lui dis :

— Madame, il n’y a pas de M. d’Astarac. Il y a vous et moi. Je vous attendais. Vous êtes ma Salamandre. J’ai ouvert le flacon de cristal. Vous êtes venue, vous êtes à moi.

Je la pris dans mes bras et couvris de baisers tout ce que mes lèvres purent trouver de chair au bord des habits.

Elle se dégagea et me dit :

— Vous êtes fou.

— C’est bien naturel, lui répondis-je. Qui ne le serait à ma place ?

Elle baissa les yeux, rougit et sourit. Je me jetai à ses pieds.

— Puisque M. d’Astarac n’est pas ici, dit-elle, je n’ai qu’à me retirer.