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mon bon maître d’une voix lente, aigre et comme lointaine :

— La Mashore ne t’a pas confié ses secrets et la Mischna ne t’a pas révélé ses mystères.

— Mosaïde, reprit M. d’Astarac, interprète avec clarté, non seulement les livres de Moïse, mais celui d’Enoch, qui est bien plus considérable, et que les chrétiens ont rejeté faute de le comprendre, comme le coq de la fable arabe dédaigna la perle tombée dans son grain. Ce livre d’Enoch, monsieur l’abbé Coignard, est d’autant plus précieux qu’on y voit les premiers entretiens des filles des hommes avec les Sylphes. Car vous entendez bien que ces anges, qu’Enoch nous montre liant avec des femmes un commerce d’amour, sont des Sylphes et des Salamandres.

— Je l’entendrai, monsieur, répondit mon bon maître, pour ne pas vous contrarier. Mais par ce qui nous a été conservé du livre d’Enoch, qui est visiblement apocryphe, je soupçonne que ces anges étaient, non point des Sylphes, mais des marchands phéniciens.

— Et sur quoi, demanda M. d’Astarac, fondez-vous une opinion si singulière ?

— Je la fonde, monsieur, sur ce qu’il est dit dans ce livre que les anges apprirent aux