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J’en conclus que je ne devais pas m’étonner excessivement de ce que je venais de voir. Pourtant mon chagrin ne fut point dissipé par ma raison, sans doute parce qu’il n’y avait point sa source. Ces méditations me conduisirent, à travers les ombres de la nuit et les boues du dégel, jusqu’à la route de Saint-Germain, où je rencontrai M. l’abbé Jérôme Coignard qui, ayant soupé en ville, rentrait de nuit à la Croix-des-Sablons.

— Mon fils, me dit-il, je viens de m’entretenir de Zozime et des gnostiques à la table d’un ecclésiastique très docte, d’un autre Pereisc. Le vin était rude et la chère médiocre. Mais le nectar et l’ambroisie coulaient de tous les discours.

Mon bon maître me parla ensuite du Panopolitain avec une éloquence inconcevable. Hélas ! je l’écoutai mal, songeant à cette goutte de clair de lune qui était tombée dans la nuit sur les lèvres de Catherine.

Enfin, il s’arrêta et je lui demandai sur quel fondement les Grecs avaient établi le goût des Nymphes pour les Satyres. Mon bon maître était prêt à répondre sur toutes les questions, tant son savoir avait d’étendue. Il me dit :

— Mon fils, ce goût est fondé sur une sympathie