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creux, avec une expression habituelle et tranquille d’épouvante.

— Ne vous dérangez pas, monsieur Sariette, dit Maurice ; je montre la bibliothèque à madame des Aubels.

Maurice et madame des Aubels passèrent dans la grande salle où se dressaient, sur les quatre faces, des armoires pleines de livres et que surmontaient les bustes peints en bronze des poètes, des philosophes et des orateurs de l’antiquité. Tout y reposait dans un ordre parfait, qui semblait ne jamais avoir été troublé depuis les origines. On voyait seulement, à la place occupée la veille encore par un manuscrit inédit de Richard Simon, un trou noir. Cependant, près du jeune couple, M. Sariette, pâle, indistinct, muet, marchait sans bruit.

Maurice, adressant à madame des Aubels un regard de reproche :

— Vrai ! vous n’avez pas été gentille.

Elle lui fit signe que le bibliothécaire pouvait entendre. Mais il la rassura :

— Ne faites pas attention. C’est le père Sariette. Il est devenu complètement idiot.

Et il répéta :