— Je crois bien qu’ils n’ont pas cela à la Préfecture, s’écria-t-il ; c’est le pied d’un dieu ou d’un athlète antique. La face plantaire qui a imprimé cette marque est d’une perfection inconnue à nos races et à nos climats. Elle révèle des orteils d’une élégance exquise, un talon divin.
René d’Esparvieu s’écria que son frère était fou.
— C’est un poète, soupira madame d’Esparvieu.
— Mon oncle, dit Maurice, vous serez amoureux de ce pied si jamais vous le rencontrez.
— Ce fut le sort de Vivant Denon, qui accompagna Bonaparte en Égypte, répondit Gaétan. Denon trouva à Thèbes, dans un hypogée violé par les Arabes, un petit pied de momie d’une beauté merveilleuse. Il le contempla avec une ferveur extraordinaire. « C’est le pied d’une jeune femme, songea-t-il, d’une princesse, d’un être charmant ; aucune chaussure n’en altéra les formes parfaites. » Denon l’admira, l’adora, l’aima. On trouve un dessin de ce petit pied de momie dans l’atlas du voyage de Denon en Égypte que, sans aller plus loin, on