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Maurice, croyant, disait-il, à une mauvaise plaisanterie, avait balayé avec le balai du foyer cette poussière blanche. La vérité est qu’il avait effacé la trace imprimée par les bottines d’Odile, la femme de chambre. Dans l’escalier et dans la bibliothèque on constata de distance en distance l’empreinte très légère d’un pied nu, qui semblait avoir glissé dans l’air et ne s’être posé qu’à de longs intervalles et sans peser. On relevait en tout cinq de ces traces. La plus distincte se trouva dans la salle des bustes et des sphères, au bord de la table où des livres avaient été amassés. Le photographe de la Préfecture prit plusieurs clichés de cette empreinte.

— Voilà qui est plus effrayant que tout le reste, murmura M. Sariette.

M. des Aubels dissimula mal sa surprise.

Trois jours après, le service anthropométrique de la Préfecture renvoyait les épreuves qui lui avaient été soumises, en faisant dire qu’il n’avait pas cela dans ses fiches. M. René, après dîner, montra ces photographies à son frère Gaétan qui les examina avec une attention profonde, et après un long silence :