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la demandait en mariage. Enfin, après deux mois d’une assiduité surhumaine, contraire à toutes les lois connues de la vie organique et aux conditions essentielles de l’économie animale, l’agent Mignon, n’ayant rien observé d’anormal, cessa sa surveillance et se retira sans une parole, en refusant toute gratification. Dans la bibliothèque, la danse des livres continuait de plus belle.

— Cela est très bien, dit M. des Aubels. Puisque rien n’entre ni ne sort, le malfaiteur est dans la maison.

Ce magistrat pensa que, sans interrogatoires ni perquisitions, on pourrait découvrir le criminel. Il fit, un jour convenu, à minuit, enduire d’une couche de talc le plancher de la bibliothèque, les marches de l’escalier, le vestibule, l’allée du jardin qui conduit au pavillon de M. Maurice et la pièce d’entrée du pavillon. Le lendemain matin, M. des Aubels, assisté d’un photographe de la Préfecture, et accompagné de M. René d’Esparvieu et de M. Sariette, vint relever les empreintes. On ne trouva rien dans le jardin : le vent avait enlevé la poussière de talc, rien non plus dans le pavillon. Le jeune