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le perdre encore, abîmé d’étonnement, l’homme des livres, tour à tour, gazouillait comme un nourrisson et poussait des cris rauques à la manière des fous. Il reconnaissait ses bibles hébraïques, ses vieux talmuds, son très ancien manuscrit de Flavius Josèphe, ses lettres de Gassendi à Gabriel Naudé et son plus riche joyau, le Lucrèce aux armes du grand prieur de France avec des notes de la main de Voltaire. Il riait, il pleurait, il embrassait les maroquins, les veaux, les parchemins, les vélins, les ais de bois garni de clous. À mesure qu’Hippolyte, le valet de chambre, en rapportait une brassée à la bibliothèque, M. Sariette, d’une main émue, les reposait pieusement à leur place.