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dérober un pareil trésor ? demanda-t-il sévèrement à M. Sariette.

— Comment j’ai pu me laisser dérober un pareil trésor, répondit le malheureux bibliothécaire ; monsieur, si l’on m’ouvrait la poitrine on trouverait cette question gravée dans mon cœur.

Sans s’émouvoir de cette forte parole, M. d’Esparvieu reprit avec une colère contenue :

— Et vous ne découvrez aucun indice qui vous mette sur la trace du voleur, monsieur Sariette ? Vous n’avez nuls soupçons, pas la moindre idée de la manière dont les choses se sont passées ? Vous n’avez rien vu, rien entendu, rien observé, rien appris ? Convenez que cela est inconcevable. Songez, monsieur Sariette, songez aux conséquences possibles de ce vol inouï, commis sous vos yeux. Un document inestimable pour l’histoire de l’esprit humain disparaît. Qui l’a volé ? Pourquoi l’a-t-on volé ? Au profit de qui ? Ceux qui s’en sont emparés savent bien, sans doute, qu’ils ne peuvent s’en défaire en France. Ils iront le vendre en Amérique, en Allemagne. L’Alle-