propriétaire de la Bibliothèque s’alarma. En hâte il monta à la salle des philosophes et des sphères et, là, constata de ses yeux l’étendue du dommage. Sur maints rayons on voyait des trous béants. Il chercha au hasard, ouvrit des placards, découvrit des balais, des torchons, des bombes contre l’incendie, donna des coups de pelle dans le feu de coke, secoua la belle redingote de M. Sariette, pendue dans le lavabo, et, découragé, contempla le vide laissé par les portefeuilles de Gassendi. Tout le monde savant réclamait à grands cris, depuis un demi-siècle, la publication de cette correspondance. M. René d’Esparvieu n’avait pas répondu à ce vœu universel, ne consentant ni à assumer une si lourde tâche ni à s’en décharger sur d’autres. Ayant constaté dans ces lettres beaucoup de hardiesses de pensée et nombre d’endroits plus libertins que ne le pouvait souffrir la piété du XXe siècle, il préférait que ces pages demeurassent inédites ; mais il sentait qu’il était comptable de ce dépôt à son pays et à la civilisation universelle.
— Comment avez-vous pu vous laisser