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haut de son trône, il plongea ses regards au plus profond de l’abîme et vit Ialdabaoth dans la Géhenne où il l’avait précipité après y avoir été lui-même longtemps enchaîné. Ialdabaoth dans les ténèbres éternelles gardait sa fierté. Noirci, brisé, terrible, sublime, il leva vers le palais du roi des cieux un regard de dédain puis détourna la tête. Et le nouveau dieu observant l’adversaire, vit sur ce visage douloureux, passer l’intelligence et la bonté. Maintenant Ialdabaoth contemplait la terre et, la voyant plongée dans le mal et la souffrance, nourrissait dans son cœur une pensée bienveillante. Soudain il se leva et battant l’éther de ses bras immenses comme d’une double rame, il s’élança pour instruire et consoler les hommes. Déjà son ombre immense apportait à la malheureuse planète une ombre aussi douce qu’une nuit d’amour.

Et Satan se réveilla, baigné d’une sueur glaciale.

Nectaire, Istar, Arcade et Zita se tenaient auprès de lui. Les bengalis chantaient.

— Compagnons, dit le grand archange, non ; ne conquérons pas le ciel. C’est assez de le