Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/419

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette église. Satan le vit qui priait et pleurait. Et il lui dit :

— Je te confie mon épouse. Garde-la fidèlement. Je te confirme le droit et le pouvoir de décider de la doctrine, de régler l’usage des sacrements, de faire des lois pour maintenir la pureté des mœurs. Et tout fidèle est dans l’obligation de s’y conformer. Mon église est éternelle et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Tu es infaillible. Rien n’est changé.

Et le successeur des apôtres se sentit inondé de délices. Il se prosterna et, le front contre la dalle, répondit :

— Seigneur mon Dieu, je reconnais votre voix. Votre souffle s’est répandu comme un baume dans mon cœur. Que votre nom soit béni. Que votre volonté soit faite sur la terre comme aux cieux. Ne nous induisez pas en tentation ; mais délivrez-nous du mal.

Et Satan se plaisait aux louanges et aux actions de grâces ; il aimait à entendre vanter sa sagesse et sa puissance. Il écoutait avec joie les cantiques des chérubins qui célébraient ses bienfaits, et il ne prenait point de plaisir à