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de retrouver son ange, courut au petit rez-de-chaussée de la rue de Rome. Il entendit à travers la porte un grand bruit de voix et vit rassemblés, dans la chambre de l’apparition, Arcade, Zita, l’ange musicien et le kéroub qui, étendu sur le lit, fumant une énorme pipe, brûlait négligemment les oreillers, les draps et les couvertures. Ils embrassèrent Maurice et lui annoncèrent leur départ. Leurs visages brillaient de joie et d’audace. Seul, l’auteur inspiré d’Aline, reine de Golconde, répandait des larmes et levait vers le ciel des regards épouvantés. Le kéroub l’avait tiré par l’oreille dans le parti de la révolte en lui montrant deux alternatives : ou se laisser traîner dans les prisons de la terre ou porter le fer et le feu dans le palais d’Ialdabaoth.

Maurice vit avec douleur qu’ils ne tenaient plus qu’à peine à la terre. Ils partaient pleins d’un espoir immense et qui leur était permis. Sans doute ils avaient peu de combattants à opposer aux innombrables soldats du sultan des cieux ; mais ils comptaient compenser l’infériorité du nombre par l’irrésistible élan d’une attaque soudaine. Ils n’ignoraient pas qu’Ial-