Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/356

Cette page a été validée par deux contributeurs.

homme et n’a plus ni foi ni loi. C’est moi, maintenant, qui suis son ange gardien. Dieu sait comment tout cela finira !

En écoutant ce discours, le visage de M. Sariette exprimait une tristesse infinie, irréparable, éternelle, une tristesse de momie. S’étant levé pour prendre congé, le désolé bibliothécaire dit à l’oreille d’Arcade :

— Le pauvre enfant est bien malade ; il délire.

Maurice rappela le vieillard.

— Restez donc, monsieur Sariette. Vous ferez un bridge avec nous. Monsieur Sariette, écoutez mes conseils. Ne faites pas comme moi, ne fréquentez pas les mauvaises compagnies. Vous seriez perdu. Monsieur Sariette, ne partez pas encore, j’ai quelque chose de très important à vous demander : quand vous reviendrez me voir apportez-moi un livre sur la vérité de la religion, pour que je l’étudie. Il faut que je rende à mon ange gardien la foi qu’il a perdue.