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d’un très petit calibre et qui semblait constituer un engin redoutable. Les autres conspirateurs étaient inconnus à Barattan qui, pourtant, fréquentait les milieux révolutionnaires. Plusieurs d’entre eux étaient très jeunes, imberbes. Il en avait filé deux, qui avaient tenu des propos d’une particulière véhémence, un nommé Arcade, domicilié rue Saint-Jacques et une femme, de mœurs spéciales nommée Zita, habitant Montmartre, tous deux sans moyens connus d’existence.

L’affaire parut assez sérieuse au Préfet de Police pour qu’il jugeât nécessaire d’en conférer, avant tout, avec le Président du Conseil.

On était alors dans une de ces périodes climatériques de la troisième République, pendant lesquelles le peuple français, épris d’autorité, adorant la force, se croit perdu parce qu’il n’est pas assez gouverné, et appelle à grands cris un sauveur. Le Président du Conseil, ministre de la Justice, ne demandait pas mieux que d’être le sauveur espéré. Encore fallait-il, pour le devenir, qu’il y eût un péril à conjurer. Aussi la nouvelle d’un complot lui fut-elle agréable. Il interrogea le Préfet de