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Ils examinèrent longuement ensuite les moyens d’exécuter leur immense entreprise. Ayant rejeté avec mépris les procédés anarchiques du prince Istar, ils conçurent une invasion formidable et soudaine du royaume des cieux par leurs milices enthousiastes et bien instruites.


Or, Barattan, le gargotier de la Jonchère, qui avait loué aux anges rebelles la salle de spectacle, était un indicateur de la Sûreté. Dans les rapports qu’il adressa à la Préfecture, il dénonça les membres de cette réunion privée comme préparant un attentat sur un personnage qu’ils dépeignaient obtus et cruel et qu’ils appelaient Alabalotte. L’agent croyait que c’était là un pseudonyme qui désignait soit le Président de la République, soit la République elle-même. Les conspirateurs avaient unanimement proféré des menaces contre Alabalotte, et l’un d’eux, individu très dangereux, bien connu dans les milieux anarchistes et ayant déjà subi plusieurs condamnations pour écrits ou discours libertaires, qui se fait nommer le prince Istar ou le Quéroube, avait brandi une bombe