Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.

se jette les bras ouverts sur Arcade et l’entraîne dans le couloir.

— En voilà des mœurs ! s’écria Bouchotte suffoquée.

Mais, à travers une troupe de chiens savants et une famille d’acrobates américains, le jeune d’Esparvieu tirait son ange vers la sortie.

Dans l’ombre et la fraîcheur du boulevard, ivre de joie et doutant encore de son bonheur :

— Vous voilà ! disait-il, vous voilà ! Je vous ai longtemps cherché. Arcade, Mirar, comme il vous plaira, je vous retrouve enfin. Arcade, vous m’avez pris mon ange gardien, rendez-le moi. Arcade, m’aimez-vous encore ?

Arcade répondit que, pour accomplir la tâche surangélique qu’il s’était imposée, il avait dû fouler aux pieds l’amitié, la pitié, l’amour et tous les sentiments qui amollissent l’âme, mais que, d’une autre part, sa nouvelle condition, en l’exposant aux souffrances et aux privations, le disposait à la tendresse humaine et qu’il éprouvait pour son pauvre Maurice une amitié machinale.

— Eh bien, s’écria Maurice, pour peu que