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avait elle-même dictées sans s’en apercevoir. La vaniteuse parlait de son talent, de ses succès comme elle voulait qu’on en parlât. Elle ne tarissait pas sur ses triomphes ; au reste, la candeur même. Maurice donna des louanges sincères à la beauté de Bouchotte, à la fraîcheur de son visage, à l’élégance de sa taille. Elle attribuait cet avantage à ce qu’elle ne se plâtrait jamais. Quant à sa forme, elle admettait qu’il y avait assez et rien de trop, et pour illustrer cette affirmation, elle passa ses mains sur tous les contours de son corps charmant, se soulevant légèrement pour suivre les plans heureux sur lesquels elle reposait. Maurice en fut très ému.

Le jour tombait ; elle offrit d’allumer. Il la pria de n’en rien faire.

La causerie se poursuivit d’abord rieuse et gaie, puis intime, très douce, avec quelque langueur. Bouchotte croyait connaître M. Maurice d’Esparvieu depuis longtemps, et le tenant pour un galant homme, elle lui fit des confidences. Elle lui dit qu’elle était née pour faire une honnête femme, mais qu’elle avait eu une mère avide et sans scrupules. Maurice