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main longue et décharnée, aux anneaux d’or. Pleurant depuis vingt ans sa femme emportée dans la fleur de la jeunesse et de la beauté par la tuberculose, il consacrait sa vie à rechercher des communications avec les morts et à remplir de mauvaise peinture son hôtel solitaire. Sa confiance en Guinardon était infinie. M. Blancmesnil, administrateur d’un grand établissement de crédit, ne se montrait guère moins souvent dans le magasin. C’était un quinquagénaire frais et replet, peu curieux d’art, médiocre connaisseur, peut-être, mais qu’attirait la jeune Octavie, placée au milieu du magasin comme la chanterelle dans sa cage.

M. Blancmesnil ne tarda pas à nouer avec elle des intelligences dont le père Guinardon était seul à ne pas s’apercevoir, faute d’expérience, car le vieillard était jeune encore dans l’amour d’Octavie. M. Gaétan d’Esparvieu venait parfois en curieux chez le père Guinardon, qu’il soupçonnait d’être un admirable faussaire.

M. Le Truc de Ruffec, ce grand homme d’épée, se rendit un jour chez le vieil antiquaire et lui fit part de ses projets. M. Le Truc de Ruffec