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jurisconsultes et des poètes anciens furent tirés de la poussière des cloîtres et, passant de mains en mains, inspirèrent aux esprits l’amour de la sagesse. Le vicaire du Dieu jaloux, le pape lui-même, ne crut plus en Celui qu’il représentait sur la terre. Il aimait les arts et n’avait d’autre souci que de recueillir les statues antiques et d’élever des bâtiments somptueux, où se déployaient les ordres de Vitruve rétablis par Bramante. Nous respirions. Déjà, les vrais dieux, rappelés de leur long exil, revenaient habiter la terre. Ils y retrouvaient des temples et des autels. Léon, déposant à leurs pieds l’anneau, les trois couronnes et les clefs, leur offrait en secret l’encens des sacrifices. Déjà Polymnie accoudée reprenait le fil doré de ses méditations ; déjà, dans les jardins, les Grâces décentes et les Nymphes avec les Satyres formaient des chœurs de danse ; enfin la terre rapprenait la joie. Mais, ô disgrâce, ô mauvais sort, événement funeste, voici qu’un moine allemand, tout gonflé de bière et de théologie, se dresse contre ce paganisme renaissant, le menace, le foudroie, prévaut seul contre les princes de l’Église, et, soulevant les peuples, les convie à