Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.

menaces. Nous usions au besoin des artifices de la magie. Nous les exhortions sans cesse à étudier la nature et à rechercher les vestiges de la sagesse antique. Ces guerriers du Nord, pour grossiers qu’ils étaient, connaissaient quelques arts mécaniques. Ils croyaient voir des combats dans le ciel ; les sons de la harpe leur tiraient des pleurs et peut-être avaient-ils un esprit plus capable de grandes choses que les Gaulois et les Romains dégénérés dont ils avaient envahi les terres. Ils ne savaient ni tailler la pierre ni polir le marbre ; mais ils faisaient venir des porphyres et des colonnes de Rome et de Ravenne ; leurs chefs prenaient pour sceau une gemme gravée par un Grec aux jours de beauté. Ils élevaient des murailles avec des briques ingénieusement disposées en barbes d’épis et parvenaient à bâtir des églises assez agréables avec leurs corniches soutenues par des modillons à têtes menaçantes et leurs lourds chapiteaux où des monstres s’entre-dévoraient.

» Nous les instruisions dans les lettres et les sciences. Un vicaire de leur dieu, Gerbert, prit de nous des leçons de physique, d’arithmé-