» Puis s’empara des cavernes et des abris sous roche, celui qui sut d’une pierre aiguë percer les bêtes sauvages et, par la ruse, surmonter les antiques habitants des forêts, des plaines et des montagnes. L’homme commença péniblement son règne. Il était faible et nu. Son poil rare le garantissait mal du froid. Ses mains se terminaient par des ongles trop minces pour lutter avec la griffe des fauves ; mais la disposition de ses pouces, qui s’opposaient aux autres doigts, lui permettait de saisir facilement les objets les plus divers et lui assurait l’adresse à défaut de la force. Sans différer essentiellement du reste des animaux, il était plus capable qu’aucun autre d’observer et de comparer. Comme il tirait de son gosier des sons variés, il imagina de désigner par une inflexion de voix particulière chacun des objets qui frappaient son esprit, et cette suite de sons divers l’aida à fixer et à communiquer ses idées. Son sort misérable et son génie anxieux inspirèrent de la sympathie aux anges vaincus qui discernaient en lui une audace pareille à la leur et les germes de cette fierté, cause de leurs tourments et de leur gloire. Ils vinrent en