Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur notre flanc gauche et l’ont rompu. Il nous faut abandonner les fuyards et nous porter au secours de nos troupes débandées. Notre prince y vole et rétablit le combat. Mais l’aile gauche de l’ennemi dont nous n’avions pas consommé la déroute, ne se sentant plus pressée de flèches ni de lances, reprend courage, se retourne et, de nouveau, nous fait face.

» La nuit arrêta la bataille incertaine. Pendant qu’à la faveur de l’ombre, dans l’air tranquille, que traversait par intervalle le gémissement des blessés, le camp reposait, Lucifer préparait la seconde journée. Avant l’aube, les clairons sonnent le réveil. Nos guerriers surprennent l’ennemi à l’heure de la prière, le dispersent et en font un long carnage. Quand tous étaient tombés ou fuyaient, l’archange Michel, seul avec quelques compagnons aux quatre ailes de flamme, résistaient encore au choc d’une innombrable armée. Ils reculaient sans cesser de nous opposer leur poitrine, et Michel montrait encore un visage impassible. Le soleil était au tiers de sa course, quand nous commençâmes d’escalader le Mont du Seigneur. Montée ardue ; la sueur coulait de nos